Résumé :
Parfois, le sentiment du sacré advient pour le spectateur de cinéma, et pas seulement devant des oeuvres qui traitent frontalement du religieux. La beauté du monde, la force d’une situation peuvent aussi provoquer l’effroi et ce tremblement qui accompagnent la proximité de ce qui, au-delà du profane, en est séparé, sacré. Ce tressaillement peut violemment nous saisir à l’approche du grand mystère quand ce qui est raconté par le film ne nous y prépare pas vraiment, comme chez Rossellini ou Dumont, ou quand, au contraire, toute la mise en scène nous y convie comme chez Dreyer. Certes, le cinéma occidental a multiplié les représentations de Passions – le plus souvent chrétiennes – mais il lui arrive de susciter autrement l’épiphanie du sacré, et d’ailleurs, comme le cinéma est un art machinique, son rapport au sacré évolue en même temps que la société, voire que les techniques dont elle se dote. Au début de ce siècle, on a parfois le sentiment que le monde visible n’a plus rien à cacher ; du coup, c’est le temps dont on étire les plis pour mieux traquer ce qu’il recèle. D’où le pari de Matrix, amener jusqu’à la perception consciente le « temps d’une balle », le fameux effet spécial bullet time. Ainsi, ce qui était impossible est aujourd’hui un donné du récit, et pour le héros/Messie qui va accomplir ce miracle d’un nouveau genre, esquiver une balle, et pour le spectateur à qui l’on propose un autre degré du sacré, la transfiguration de l’homme par la technologie. (Carole Desbarats)
Date
15 novembre 2010
Durée
01 heure(s) 01 minutes(s) 25 seconde(s)
Avec
Carole Desbarats
Organisé par
Catherine Blangonnet, responsable de la mission pour l’audiovisuel de la Direction du livre et de la lecture, rédactrice en chef de la revue Images documentaires
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